- La dyspepsie
La dyspepsie (du grec dys (mauvais) et pepsis (digestion)) fait référence à des plaintes localisées dans le haut de l’ abdomen. Les plaintes dyspeptiques s’expriment généralement sous forme de brûlures, de tiraillements, de douleurs, de sensation de plénitude ou même de crampes. Le terme ne permet pas une attribution étiologique exacte, ce qui signifie que dans la vie de tous les jours, on part généralement d’ une origine gastrique ou duodénale.
Les diagnostics différentiels de dyspepsie les plus courants sont résumés dans le tableau 1. La panendoscopie supérieure (œsophago-gastro-duodénoscopie) est la méthode de choix pour investiguer les plaintes dyspeptiques.
Environ 20 à 40 % de la population se plaint régulièrement de symptômes dyspeptiques, bien que moins de la moitié de cette population consulte un médecin pour cette raison. Néanmoins, les troubles dyspeptiques entraînent une réduction significative de la qualité de vie des personnes concernées et des coûts de soins de santé non négligeables (1). C’ est pourquoi une investigation conséquente est tout à fait judicieuse.
Dans l’ anamnèse on veillera à rechercher les symptômes d’ alarme (perte de poids, dysphagie, odynophagie, anémie, vomissements postprandiaux, apparition de nouveaux symptômes à un âge supérieur à 50 ans).
Si aucun symptôme d’ alarme n’ est présent, une endoscopie n’ est pas nécessairement indiquée, surtout chez les personnes jeunes.
Une échographie abdominale supérieure, notamment pour exclure une cholécystolithiase possiblement en cause, est en particulier indiquée en cas de plaintes postprandiales et de coliques abdominales supérieures.
En outre, la recherche d’ infection à Helicobacter pylori est recommandée avant de commencer un traitement probatoire avec un inhibiteur de la pompe à protons (IPP). Le test de diagnostic non invasif le plus approprié est la recherche d’ antigènes dans les selles ou le test respiratoire à l’ urée (les deux ont une sensibilité de 85-95 % et une spécificité de 85-95%). Si l’ Helicobacter pylori est détecté, il doit également être traité. Le dépistage de l’ Helicobacter pylori doit être effectué au plus tôt 2 semaines après l’ arrêt de l’ administration d’ IPP et au plus tôt 4 semaines après l’ arrêt de thérapie par antibiotiques.
Je recommanderais d’ effectuer une panendoscopie supérieure avec des biopsies de l’ estomac après une première tentative d’ éradication infructueuse, pour exclure une gastrite à Helicobacter, un ulcère induit par Helicobacter ou des résultats normaux (dyspepsie fonctionnelle, Helicobacter POSITIF) pour évaluer la nécessité d’ un nouveau traitement d’ éradication.
En cas de plaintes persistantes et d’ un test d’ Helicobacter négatif, une thérapie de 4 semaines avec un IPP à une dose standard de 1 x/j peut être effectuée chez des personnes jeunes, pour autant qu’ il n’ y ait toujours pas de signes d’ alarme. Lorsque les symptômes sont liés à l’ acidité gastrique, cette période suffit pour observer une amélioration. Si les symptômes persistent, cependant, une panendoscopie supérieure doit être effectuée pour plus de précisions.
En présence de symptômes d’ alarme ou à la demande du patient, une panendoscopie supérieure doit être effectuée dans tous les cas.
On peut y trouver un ulcère gastroduodénal (fig. 1), des manifestations de reflux gastro-œsophagien (œsophagite par reflux) (fig. 2), un carcinome de Barrett (fig. 3) ou une hernie hiatale prédisposant au reflux (fig. 4) ou un carcinome gastrique (fig. 5).
En outre, des résultats normaux peuvent également confirmer la suspicion d’ une dyspepsie fonctionnelle.
Seulement environ 25 % des dyspepsies ont une cause organique, 75 % sont d’ origine fonctionnelle (2).
La dyspepsie fonctionnelle est un diagnostic d’ exclusion et nécessite une panendoscopie supérieure préalable avec des résultats normaux (3).
Les effets secondaires des médicaments sont une autre cause fréquente de troubles dyspeptiques. Dans l’ anamnèse, il faut rechercher la prise d’ anti-inflammatoires non stéroïdiens, de stéroïdes, de préparations à base de fer et d’ antibiotiques. Dans la plupart des cas, les symptômes dyspeptiques s’ améliorent en quelques semaines après l’ arrêt de ces préparations et une panendoscopie supérieure n’ est pas absolument nécessaire.
FMH Gastroenterologie
Aerztehaus Fluntern
Zürichbergstrasse 70
8044 Zürich
marcel.halama@hin.ch
L’ auteur a déclaré n’ avoir aucun conflit d’ intérêts en relation directe avec cet article.
◆ Les troubles dyspeptiques sont fréquents et entraînent des coûts de soins de santé élevés.
◆ Les symptômes d’ alarme et/ou le besoin de clarification constituent des indications pour une panendoscopie supérieure.
◆ Chez les jeunes patients sans symptômes d’ alarme il n’ est pas nécessaire de faire une endoscopie.
◆ 25 % des dyspepsies ont une cause organique, 75 % sont d’ origine fonctionnelle.
1 Lacy et al. Functional dyspepsia: the economic impact to patients. Aliment Pharmacol Ther 2013;Jul (2):170-7
2 Talley NJ et al. AGA technical review: evaluation of dyspepsia. American Gastroenterological Association. Gastroenterology 1998;114:582
3. Drossmann DA, Hasler WL. Rome IV—Functional GI Disorders: Disorders of Gut-Brain Interaction. Gastroenterology 2016;150:1257-61
la gazette médicale
- Vol. 10
- Ausgabe 2
- März 2021