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Rétrospective de la 81ème édition des Sessions Scientifiques

American Diabetes Association (ADA) 2021 – Congrès virtuel

Le rapport suivant met en lumière une sélection de moments forts de la réunion scientifique de l’ Association Américaine du Diabète, qui s’ est déroulée sous forme virtuelle du 25 au 29 juin 2021.



Étude GRADE

De manière similaire que l’ étude UKPDS en 1998, l’ étude GRADE a examiné la valeur du traitement initial chez les patients prétraités par metformine (1000-2000 mg par jour) et présentant une HbA1c de 6,8 à 8,5 %.

L’ étude a porté sur les inhibiteurs de la DPP-4 (sitagliptine), le GLP-1-RA (liraglutide), les sulfonylurées (glimépiride) et l’ insuline glargine. Malheureusement, les inhibiteurs du SGLT-2 n’ ont pas été pris en compte, car ils n’ étaient autorisés sur le marché américain que quelques mois après le début de l’ étude. Le critère d’ évaluation primaire était une HbA1c ≥ 7,0 %, confirmée lors de la visite trimestrielle suivante. Le critère d’ évaluation secondaire était un taux d’ HbA1c ≥ 7,5 % après l’ introduction de l’  insuline glargine dans les 3 groupes non glargine. 5047 personnes ont été incluses.

Les résultats suggèrent que la meilleure HbA1c est obtenue après 6 mois avec le glimépiride et le liraglutide, et que les meilleurs résultats après 48 mois ont été obtenus avec la glargine et le liraglutide.

Les hypoglycémies sévères étaient 2-3 fois plus élevées dans le groupe glimépiride que sous liraglutide et 70 % de plus par rapport au groupe sous glargine seul. Les meilleurs résultats, mais non significatifs, en termes de MACE à 3 points, de mortalité et d’ insuffisance cardiaque ont été obtenus pour le liraglutide.

Diabète et insuffisance cardiaque

5 ans après le diagnostic de diabète, deux tiers des patients atteints de diabète de type 2 avaient une insuffisance cardiaque même en l’ absence d’ ischémie. Ces 68 % se répartissent dans les sous-catégories suivantes : 27% de dysfonction systolique uniquement, 16 % de dysfonction diastolique uniquement et 25 % de dysfonctionnement systolique et diastolique combiné.
Pour cette raison, le communiqué de presse suivant est essentiel :
«Dans le cadre d’ un suivi de 1,9 million de patients atteints de diabète de type 2, on a constaté qu’ en termes de première manifestation la plus fréquente d’ une maladie cardiovasculaire l’ AOMI était au premier rang avec 16 %, l’ insuffisance cardiaque au deuxième rang avec 14 %, suivie par l’ infarctus du myocarde non mortel avec 12 %, les événements cérébrovasculaires avec 10 % et le décès d’ origine cardiovasculaire avec 4 %.»

Essai EMPEROR PRESERVED

Peu de temps après le congrès de l’ ADA, les principaux résultats de cette étude ont été publiés dans un communiqué de presse. Pour la première fois, une étude clinique a démontré avec succès qu’ un traitement peut réduire le risque d’ hospitalisation et de décès cardiovasculaire chez les patients atteints d’ insuffisance cardiaque à fraction d’ éjection préservée (HFpEF). L’ empagliflozine agit également en cas de fraction d’ éjection préservée et pas seulement en cas de fraction d’ éjection réduite. Elle est, en conséquence, le premier inhibiteur du SGLT2 à obtenir ces résultats.

Essai AMPLITUDE

AMPLITUDE est une étude de critère cardiovasculaire portant sur l’ efpéglenatide, un GLP-1-RA basé sur l’ exendine-4, qui a été couplé à un fragment Fc d’ IgG4 pour prolonger la demi-vie. Des doses de 4 et 6 mg s.c. une fois par semaine ont été testées chez 4076 patients. 90 % des patients avaient déjà une maladie cardiovasculaire et 32 % avaient un eGFR < 60 ml/min. Le suivi médian était de 1,8 ans. MACE à 3 points ou le décès non cardiovasculaire a été significativement réduit de 27 %, de même que le point final rénal combiné de 33 %. Ce qui était intéressant dans le cadre d’ une étude exploratoire sur MACE, c’ est que les résultats étaient meilleurs avec 6 mg qu’ avec 4 mg.

Il s’ agit de la première étude qui a montré chez un GLP-1-RA non humain un tel effet sur différents critères d’ évaluation.

Critères d’ évaluation macrovasculaires et amputations lors de l’ étude LEADER (sous-analyse)

À partir d’ un taux d’ HbA1c de 5,5 % déjà, le risque de maladie coronarienne et d’ accident vasculaire cérébral s’ élève de 50-55 % par augmentation de 1% de l’ HbA1c. Dans l’ essai LEADER, le liraglutide a permis de réduire significativement les amputations de 35 %.

Traitement de l’ obésité avec le programme STEP

Les 4 études de ce programme ont inclus 4 700 patients. Dans le programme STEP-2, les patients atteints de diabète de type 2 ont été inclus, et dans les 3 autres uniquement ceux souffrant d’ obésité et de comorbidités.
Le 4 juin 2021, la FDA a autorisé l’ utilisation de 2,4 mg de sémaglutide en cas d’ obésité ou de surpoids et de comorbidités. La dose est lentement augmentée de 0,25 mg à 0,5 mg, 1,0 et 2,4 mg en l’ espace de 16 semaines. La perte de poids a été de 15-17 % chez les personnes non diabétiques et de 10 % chez les personnes avec un diabète depuis plus d’ un an avec un IMC de 36-38. L’ essai STEP-4 a, en outre, examiné ce qui se passe lorsqu’ après 20 semaines le traitement avec 2,4 mg de sémaglutide est arrêté. La perte de poids jusqu’ à ce moment-là était de 10,6 %. En cas d’ arrêt, la perte de poids était encore de 5,4 % après 1 an, et dans le groupe où le sémaglutide a été maintenue, elle était de 17,7 %.

Il est intéressant de noter que l’ HbA1c n’ a pas pu être réduite par rapport à 1,0 mg du sémaglutide. En cas de perte de poids < 10 %, la réduction de l’ HbA1c était de 1,1% dans les deux groupes, et en cas de perte de poids > 10 %, une baisse de l’ HbA1c de 2,2 % était atteinte dans les deux groupes.

Dans une sous-analyse du programme STEP-1, il a été démontré que sous 2,4 mg de sémaglutide, la masse grasse totale a diminué de 7 % et la masse maigre augmentée de 3,5 %, alors que dans le groupe placebo, la masse grasse a diminué de 0,4 % et la masse maigre augmenté de 0,3 %.

Dans la même étude, le groupe glycémique a également été examiné. Aucun des patients n’ avait un diabète au début de l’ étude. Dans le groupe sémaglutide, 55 % avaient un statut glycémique normal et 45 % un prédiabète. Après 68 semaines, 84 % avaient un statut glycémique normal et seulement 16% un prédiabète. Dans le groupe placebo, 60 % avaient un statut glycémique normal et 40 % un prédiabète au départ. Après 68 semaines, 3% avaient encore un diabète et 48 % un prédiabète, et seulement 49% avaient encore un statut glycémique normal.

Ces résultats suggèrent un effet préventif d’ une prise de sémaglutide de 2,4 mg pour éviter le diabète par la perte de poids.

Copyright Aerzteverlag medinfo AG

Pr Roger Lehmann

UniversitätsSpital Zürich
Rämistrasse 100
8091 Zurich

Roger.Lehmann@usz.ch

Participation à des Advisory Boards et honoraires de conférencier de Novo Nordisk, Sanofi, MSD, Boehringer Ingelheim, Servier et Astra Zeneca.

la gazette médicale

  • Vol. 10
  • Ausgabe 6
  • Dezember 2021