- Des antibiotiques recommandés sont le plus souvent utilisés
En Suisse, le développement de la résistance aux antibiotiques est surveillé au niveau régional et national (https://www.anresis.ch/fr/). « Mais les taux de résistance officiels ne correspondent pas à ceux de la vie réelle », explique le Pr Oliver Senn, Zurich. Ainsi, les infections urinaires compliquées, les récidives et les échecs thérapeutiques sont surreprésentés.
Quels sont les facteurs de risque ?
Dans le cadre d’ une étude de surveillance active, une culture d’ urine unique a été réalisée chez 1352 patients. Celle-ci était positive dans 87,6 % des cas, E. coli étant l’ agent pathogène le plus fréquent avec 75 % de toutes les cultures positives. L’ âge du patient, une prise d’ antibiotiques au cours des trois derniers mois et des antécédents de voyage, notamment en Afrique, se sont avérés être des facteurs de risque de résistance aux antibiotiques de première ligne. De manière surprenante, une hospitalisation au cours des six derniers mois et des infections urinaires antérieures ne se sont pas révélées être des facteurs de risque.
Trop souvent des antibiotiques
Il est indéniable qu’ une utilisation inappropriée des antibiotiques favorise le développement de résistances. « Les preuves disponibles suggèrent que la proportion de prescriptions inappropriées d’ antibiotiques est très élevée dans les infections urinaires », explique l’ orateur. Chez les femmes, elle est de 47,3 %. Mais elle est encore nettement plus élevée pour les refroidissements (88,7 %) et les bronchites aiguës (74,3 %).
Avec la nitrofurantoïne, la fosfomycine et le bactrim, trois antibiotiques efficaces sont disponibles pour un traitement empirique. Les taux de résistance d’ E. coli à ces antibiotiques de première ligne sont faibles. Les données issues de la pratique quotidienne montrent qu’ aucun antibiotique n’ est prescrit chez seulement 7,3 % des patients souffrant d’ une infection des voies urinaires, un seul antibiotique dans 92,2 % des cas et deux antibiotiques dans 0,4 % des cas. En ce qui concerne le choix de l’ antibiotique, la fosfomycine arrive en tête avec 44,7 %, suivie du TMP/SMX avec 25,8 % et de la nitrofurantoïne avec 14,5 %. 13,8 % ont reçu une quinolone, le plus souvent de la norfloxacine. Au total, 84,7 % ont reçu l’ un des trois antibiotiques recommandés en première ligne. « Dans la majorité des cas, des antibiotiques conformes aux guidelines sont prescrits pour les infections urinaires non compliquées, mais trop de quinolones sont encore utilisées dans le traitement empirique », a déclaré le Pr Senn.
Le traitement de première ligne consistait en R-ACVBP (n = 57 %), R-CHOP14 (24 %) ou R-CHOP21 (18 %) et en des stratégies de consolidation selon des modalités variables par rapport à la durée et l’ institution, étant principalement guidées par TEP-CT. Après un suivi médian de 44 mois, le R-CHOP21 est apparu inférieur aux régimes intensifiés (survie sans progression à 3 ans : 74 % pour le R-CHOP21, 89 % pour le R-CHOP14, 89 % pour le R-ACVBP).