- Editorial
L’ âgisme est accentué en clinique comme en recherche dans la population âgée avec un trouble mental ; la chute après la retraite de la prise en charge des personnes âgées avec un trouble mental par des professionnels de la santé mentale peut être considérée comme un indicateur (1). La triple stigmatisation guette la population âgée avec un trouble mental en lien avec la menace de la paupérisation de cette population.
La diversité des pathologies mentales à l’ âge avancé exige des approches thérapeutiques diversifiées allant des interventions relationnelles à celle de type technologique récent.
L’ approche du patient suicidaire âgé abordé dans cette édition est un exemple d’ interventions essentiellement relationnelles, sujet éminemment important si l’ on se souvient que la fréquence des suicides augmente avec l’ âge et que le moteur du suicide est souvent une psychopathologie mal identifiée. Il n’ est pas exclu qu’ il en soit de même pour le suicide assisté, phénomène chez l’ âgé qui prend l’ ascenseur en termes de fréquence (1).
L’ article sur l’ hypnose et la réalité virtuelle est un exemple d’ une technique déjà ancienne toujours d’ actualité et d’ une approche technologique récente prometteuse pour la personne âgée dans différentes indications.
L’ omniprésence des pathologies démentielles, maladies neuropsychiatriques par excellence et donc accompagnées fort souvent de manifestations psychiatriques et comportementales (SCPD = symptômes comportementaux des psychiques des démences) exige des connaissances de leur prise en charge non seulement dans le domaine biologique, mais aussi celui des approches psychologiques (2, 3). L’ article* ad hoc fait une démonstration de l’ apport possible par les approches psychothérapeutiques dans les démences.
La personne âgée avec un trouble mental peut être une cible privilégiée pour les nouvelles approches de la psychiatrie interventionnelle. Bien qu’ il ne soit pas ciblé sur les personnes âgées seulement, cet article présente une revue des approches utiles et qui sont offertes par l’ Unité de psychiatrie interventionnelle du SUPAA pour l’ ensemble des âges.
Finalement, l’ article* sur les troubles obsessionnels et compulsifs fait le point sur un exemple de pathologie doublement stigmatisée « âge – trouble mental » dans la mesure où il s’ agit d’ une pathologie hétérogène négligée thérapeutiquement chez les adultes, mais surtout chez les âgés dont la recherche et la prise en charge clinique sont à peu de chose près inexistantes malgré une prévalence non-négligeable.
Espérons que l’ initiative vaudoise « Vieillir 2030 » sera un pas vers une politique de recherche et de santé mentale inclusive et proactive pour les personnes âgées avec un trouble mental (4).
Pr Armin von Gunten
*cet article paraîtra dans un prochain numéro
Service universitaire de psychiatrie de l’âge avancé (SUPAA),
Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), Lausanne.
1. Office Fédéral de la Santé Publique. La santé psychique en Suisse. Rapport 52. OBSAN 2020.
2. Savaskan E et al. Empfehlungen zur Diagnostik und Therapie der behavioralen und psychologischen Symptome der Demenz (BPSD). Praxis 2014; 103:135-148 (révision actuellement en cours).
3. Tible O et al. Best practice in the management of behavioural and psychological symptoms of dementia. Ther Advanc Neurol Dis 2017; 10:297-309.
4. Vieillir 2023. https://www.vd.ch/themes/population/seniors/vieillir-2030-
la-politique-cantonale-des-vieillesses-et-des-vieillissements
la gazette médicale
- Vol. 12
- Ausgabe 3
- Mai 2023