Journal Watch

Prévalence et caractéristiques de la dysphagie sur la base d’ une enquête basée sur la population



La dysphagie est la sensation subjective d’ une difficulté à avaler. La dysphagie a un impact négatif sur la qualité de vie et réduit la productivité au travail. La dysphagie est la dixième cause de visite ambulatoire aux États-Unis pour les symptômes gastro-intestinaux (GI), avec plus de 600 000 visites par an (1, 2).

Bien que la dysphagie soit fréquente, les informations sur sa prévalence et sa charge aux États-Unis sont limitées. Une enquête transversale basée sur la population a donc été menée auprès de plus de 31 000 adultes (3) afin d’ évaluer l’ épidémiologie, les caractéristiques cliniques et le comportement des personnes atteintes de dysphagie. Cette étude a été approuvée par le Cedars-Sinai Institutional Review Board (Pro47958).

Conception de l’ étude et recrutement des participants

Afin de recruter un échantillon représentatif basé sur la population, une collaboration a été mise en place avec la société de recherche par sondage CINT. Celle-ci utilise des quotas d’ âge, de sexe et de région basés sur les dernières données du recensement américain.
CINT a invité les participants qui répondaient aux quotas du recensement à participer à une enquête en ligne. L’ enquête a été décrite comme une enquête sur la santé et non comme une étude axée sur la dysphagie. Les invitations à l’ enquête ont été distribuées jusqu’ à ce que l’ objectif de taille de l’ échantillon d’ environ 5 000 répondants souffrant de dysphagie soit atteint, ce qui a permis de créer un ensemble de données robuste et centré sur la dysphagie.

Population de l’ étude

Pour atteindre l’ objectif primaire, à savoir déterminer la prévalence de la dysphagie dans la population, il a été demandé à toutes les personnes âgées de≥18 ans lequel des symptômes digestifs suivants ils avaient déjà ressenti : Dysphagie, douleurs abdominales, ballonnements, incontinence intestinale, constipation, diarrhée, brûlures d’ estomac/reflux, nausées/vomissements ou aucun de ceux mentionnés ci-dessus. La dysphagie a été décrite comme une “ difficulté à avaler (aliments ou liquides coincés dans la gorge ou la poitrine, difficulté à avaler ou sensation d’ étouffement lors de la déglutition) ”. Les auteurs ont utilisé un screener “en aveugle” qui énumérait huit symptômes de GI afin d’ augmenter la probabilité que les répondants souffrent de dysphagie et ne cherchent pas simplement une compensation. Seuls les répondants qui ont sélectionné la dysphagie ont poursuivi le reste de l’ enquête, qui comprenait des questions sur la gravité de la dysphagie, l’ utilisation de manœuvres de compensation, le recours à des soins médicaux et les comorbidités au niveau de l’ œsophage. Des méthodes de régression multivariables ont été utilisées afin d’ exclure les facteurs de confusion.

Il a été demandé aux participants s’ ils avaient déjà subi une dilatation de l’ œsophage ou une aliénation alimentaire.

En outre, il leur a été demandé si un prestataire de soins de santé avait diagnostiqué une œsophagite à éosinophiles (EoE). Ceux qui ont répondu par l’ affirmative ont répondu à des questions sur le moment du diagnostic et sur les prestataires de soins qu’ ils avaient consultés pour leur état. Les participants ont également été interrogés sur les traitements actuels de l’ EoE : inhibiteurs de la pompe à protons, stéroïdes inhalés avalés, stéroïdes liquides ou en suspension, comprimés de stéroïdes ; régime d’ élimination, après quoi ils ont rempli le questionnaire abrégé de satisfaction sur le traitement médicamenteux (TSQM-9) (6).

Tous les participants ont également rempli le PROMIS Global Health Short Form Questionnaire (7), ainsi que des questions sur l’ évaluation des comorbidités. Enfin, des questions démographiques et socio-économiques ont été posées.

Le critère d’ évaluation primaire était de savoir si les personnes avaient déjà connu une dysphagie évaluée par le GI-Symptom-Screener. Pour les patients souffrant de dysphagie, un résultat secondaire était de savoir s’ ils recherchaient des soins de santé pour leurs problèmes de déglutition. Les autres critères d’ évaluation secondaires étaient la prévalence de l’ EoE et l’ utilisation et la satisfaction des traitements pour la prise en charge de l’ EoE, mesurées par le TSQM-9.

Résultats

Sur les 31 129 personnes qui ont participé à l’ enquête, 4 998 répondants (16,1%) ont déclaré souffrir de dysphagie; 92,3% d’ entre eux avaient eu des symptômes au cours de la semaine précédente. Il s’ est avéré que 16,3% des personnes interrogées ont décrit leur dysphagie comme étant soit “assez” soit “très” sévère au cours des 7 derniers jours. Boire des liquides pour soutenir la dysphagie (86.0%) et attendre plus longtemps avant de manger (76.5%) étaient les manœuvres de compensation les plus fréquentes. Au total, 51,1% des personnes ont cherché un traitement pour leurs problèmes de déglutition. Un âge plus élevé, le sexe masculin, la présence d’ une source de soins et d’ assurance maladie, des comorbidités et des symptômes de dysphagie plus sévères augmentaient les chances de demander des soins (P< 0,05). Les comorbidités œsophagiennes les plus fréquemment rapportées étaient le reflux gastro-œsophagien (30,9%), l’ œsophagite à éosinophiles (8,0%) et la sténose de l’ œsophage (4,5%).

Conclusions

Une grande enquête basée sur la population a révélé que la dysphagie est fréquente ; 1 adulte sur 6 a signalé des problèmes de déglutition. Cependant, la moitié des personnes n’ ont pas discuté de leurs symptômes avec un médecin, et beaucoup pourraient avoir des troubles traitables.

Source : Adkins C et al. Prevalence and Characteristics of Dysphagia Based on a Population-Based Survey . Clin Gastroenterol Hepatol. 2020; 18: 1970–1979.e2. doi:10.1016/j.cgh.2019.10.029.

Prof. em. Dr. Dr. h.c. Walter F. Riesen

riesen@medinfo-verlag.ch

la gazette médicale

  • Vol. 11
  • Ausgabe 4
  • Juni 2023