Mise au point

Facteurs déterminants de l’  indétectabilité de l’  ARN du VIH plasmatique après passage au bictégravir co-formulé, à l’  emtricabine et au ténofovir-alafénamide chez des patients expérimentés atteints du VIH-1:

Une étude multicentrique



Grâce au traitement antirétroviral (ART), l’  infection par le VIH est devenue une maladie chronique maîtrisable. Presque toutes les personnes vivant avec le VIH atteignent par un traitement approprié et une bonne observance, une réduction durable de la séropositivité et ont donc une espérance de vie proche de celle des séronégatifs (1, 2). Pour cette raison, la réponse virologique n’  est actuellement pas le seul objectif de la ART; l’  amélioration de la qualité de vie, la nécessité de réduire les toxicités à long terme et les comorbidités chroniques nouvellement diagnostiquées sont autant de facteurs, qui jouent un rôle dans le choix du régime médicamenteux.

Chez les PVVIH (personnes vivant avec le VIH) dont l’  ART a été couronné de succès, il peut être indiqué de passer à une autre combinaison de l’  ART (3). La combinaison de bictégravir, emtricitabine et de ténofovirafénamide (BIC/FTC/TAF) est un régime à trois substances dans un seul comprimé, qui s’  est avéré dans des études internationales randomisées comme étant efficace et bien toléré, y compris chez les patients adultes virologiquement supprimés, VIH séropositifs, qui ont suivi un traitement antirétroviral et sont passés à ce régime (4, 5). Il présente un faible risque de toxicité rénale et d’  interactions médicamenteuses, et un amplificateur pharmacocinétique n’  est pas nécessaire ; de plus il est efficace contre les co-infections par le VHB (6).

Dans des études réelles menées chez des patients ayant déjà suivi le traitement et ayant été au BIC/FTC/TAF, la suppression virale a été évaluée comme la présence d’  un taux d’  ARN VIH plasmatique entre 50 copies/ml (7, 8, 9) et 200 copies/ml. (10, 11), un choix qui reflète la valeur seuil, à partir duquel un échec virologique est reconnu par la European AIDS Clinical Society (12) ou de l’  International Antiviral Society-USA (13). Il convient de noter que cette définition s’  applique à la même catégorie de répondeurs virologiques aussi bien aux patients présentant une très faible virémie (14, 15) que les PVVIH avec une virémie indétectable. L’  identification des patients avec suppression complète de la réplication virale selon des tests biologiques de routine est une approche économique pour analyser le rôle des facteurs connus qui influencent la réponse chez les patients, qui sont passés à un autre régime pour des raisons autres qu’ un échec virologique et pour décrire la réponse immunitaire chez les PVVIH avec une immunité chronique réduite et des réservoirs réduits par rapport aux PVVIH ayant une virémie très faible (16, 17, 18).

L’ objectif d’ une étude récemment publiée (19) était d’ étudier le 24 mois de suivi de patients traités contre le VIH, dont l’ ARN VIH plasmatique n’ a pas été détecté au moment de l’ administration du traitement. le passage au BIC/FTC/TAF étaient indétectables. ou se situait à < 50 copies/ml. Elle se concentre sur les facteurs associés à l’ efficacité du traitement dans les corrélés entre les deux cohortes de patients, y compris le l’ influence du contrôle de l’ ARN du VIH plasmatique dans les 12 mois précédant le début du traitement par BIC/FTC/TAF. Le passage d’ autres traitements antirétroviraux au bictégravir, à l’ emtricitabine et au ténofovirafenamide (BIC/ FTC/TAF) est efficace pour les personnes vivant avec le VIH et présentant une résistance virologique. suppression est sûr et efficace. Le terme suppression virologique comprend à la fois une séropositivité faible mais virémie VIH détectable qu’ une virémie VIH indétectable. VIH, cette dernière pouvant être associée à une suppression de l’ infection. est associée à une activation immunitaire plus faible. Les auteurs décrivent dans cette publication (19) un suivi de 24 mois de suivi de PVVIH expérimentées avec un taux de VIH indétectable ou détectable de l’ ARN VIH plasmatique < 50 copies/ ml, qui ont été convertis au BIC/FTC/TAF. Un suivi préalable surveillance de 12 mois était disponible et les facteurs étaient en corrélation avec l’ efficacité du traitement. Cette étude multicentrique rétrospective a porté sur les PVVIH qui ont été ont été convertis au BIC/FTC/TAF entre 2019 et 2022. Les dates de suivi étaient de 6 (T6), 12 (T12), 18 (T18) et 24 (T24) mois après le changement (T0). Des analyses de survie avec échecs multiples par sujet, des estimations de survie de Kaplan-Meier, une analyse multivariée analyse de variance, une régression linéaire à plusieurs niveaux et un modèle logistique ordonné hiérarchiquement a été appliqué. Au total, 329 PVVIH avaient un ARN VIH plasmatique qui, au temps T0 étaient soit indétectables, soit < 50 copies/ml, et 197 répondaient à tous les critères d’ inclusion: M/F 140/57 ; le nombre médian de cellules CD4+ était de 677 cellules/mm3 ; et chez 108 patients, l’ ARN du VIH à T0 n’ était pas détectable. La plupart des 197 patients (122, 61,9 %) avaient déjà reçu un traitement par inhibiteur de transfert de brin d’ intégrase (INSTI). L’ indétectabilité de l’ ARN du VIH était plus fréquente à chaque date de suivi. plus fréquente chez les patients ayant toujours été indétectables ARN du VIH dans les 12 mois précédant le changement. Un nombre plus élevé de cellules Nadir-CD4 jouait un rôle prédictif, et la positivité HBcAb n’ a eu aucune influence. En résumé on peut dire que le changement est programmé et peut éventuellement être retardé au cas par cas, pour obtenir une indétectabilité durable de l’ ARN du VIH dans le plasma. Une perte non diagnostiquée de HBcAb n’ a pas d’ effet négatif sur la réponse au traitement.réponse au BIC/FTC/TAF.

Conclusion

Le rôle prédictif d’ une virémie VIH indétectable l’ année précédant la transition pour le succès virologique à long terme. suggère que la transition pourrait être programmée et pourrait éventuellement être retardée si la simplification en est la raison, et ce au cas par cas en accord avec accord avec le patient, afin d’ obtenir une indétectabilité durable de l’ ARN du VIH dans le plasma. En outre, une perte non diagnostiquée de HBcAb n’ a pas de conséquences négatives sur la réponse au BIC/FTC/TAF. Une période de suivi plus longue sera certainement nécessaire pour confirmer le rôle prédictif des facteurs étudiés.

Pr Walter F. Riesen

riesen@medinfo-verlag.ch

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  • Ausgabe 4
  • Juli 2024